Les recherches exécutées par le Jury de Compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels, mis sur pied par le conseil exécutif de L’UEH, ont affirmées que la médecine traditionnelle à éviter de nombreuses pertes de vie dans la crise sanitaire générée par la COVID-19 en Haïti.
Si durant longtemps les haïtiens
croyaient aux vertus de la médecine traditionnelle, une grande partie de la
population soit disant « éclairée » n’y avait quasiment pas recours.
Dans l’optique que les méthodes haïtiennes sont archaïques et à risques, nous
aurions pu remarquer qu’une petite catégorie de gens, faisant partie de la
masse haïtienne et n’étant pas corrompu par l’idéologie occidentale s’attachait
dure comme fer à leurs infusions. Quant aux autres, on aurait bien trouvé toute
sorte d’argument de leurs parts. Suivant certains nobles gens de ce pays pour
la plupart se disant chrétien, ces procédés rudimentaires renverraient à la
sorcellerie – thème qui reviendra incessamment dans les sujets de ce blog. D’autres
comme toujours, sans constat ni jugement aucune s’approprie l’équation toujours
de mise «Occident=Tout ce qui est bon ». Pas besoin de mentionner leurs
avis sur Haïti. Cependant, les évidences
de la COVID-19, a révolutionné cela pendant toute la durée du confinement et même
jusqu’à présent.
En effet, devant l’ahurissement de l’occident,
il avait bien fallu que les citoyens haïtiens se trouvent un moyen de sortie de
crise « plus de chichi ». Fin Mars 2020, soit le début du confinement
ici en Haïti, la maladie ravageait le monde depuis environ trois mois déjà et la science – du
moins celle que l’occident permet au
monde d’appelé comme telle – n’avait toujours rien trouvé. Les grands pays
succombaient au carnage. Pas d’explication, une compréhension plutôt larguée
devant les modes et la vitesse de propagation du virus, pas de vaccin. De ce
fait ces bons citoyens haïtiens, ne pouvant plus se tourner vers l’occident salvateur
ont bien du retourner à la source. Notre médecine traditionnelle à vertus
miraculeuses.
Aux dernières informations, il n’était
même plus question d’aller à l’hôpital. Pas la peine dirent la plupart, nous avons tout chez nous. Les produits locaux
furent donc bien à l’honneur : miel, gingembre, citron, l’aloès (Lalwa),
girofle, ail, oignon, cannelle, l’armoise, l’eucalyptus, l’ « asosi »,
l’orange sure, le persil, le safran, la citronnelle, le basilic, la carotte, le
« kase sèk », l’absinthe, le ricin, la betterave, la verveine, le
moringa, le pois puant et tant d’autres encore. Les méthodes d’infusions varièrent
entre voie orale et quelques bains et les méthodes de préparation étaient plutôt
nombreuses : décoction (bouillie), trempées sur alcool, passage des
ingrédients au mixeur… Sans recommandations de l’occident, la population haïtienne
est donc parvenue, éveillée par la conscience collective à s’élaborer une
automédication prenant en compte autant la prévention que le traitement de la
maladie. D’où les constats du Jury de
compilation et d’évaluation des remèdes traditionnels utilisés contre la Covid-19 :
1) Plusieurs recettes sont
potentiellement capables de répondre à la fois aux symptômes et au blocage des
complications alors que d’autres peuvent prévenir la maladie
2)
Ceci
indique une bonne connaissance de la phytothérapie et une adresse particulière
à manier les plantes et à les associer.
3)
Le
fait qu’il s’agisse d’une population n’ayant jamais renié ses savoirs
ancestraux en ce qui trait à l’usage des plantes et qui a toujours fait appel à
la phytothérapie pour traiter ses maux quotidiens, a certes aidé à cette
réaction rapide et adéquate à une maladie complètement inconnue jusqu’ici.
4)
Ce
riche savoir a sans doute contribué à éviter de nombreuses pertes de vie au
sein d’une population déjà affectée par une situation socio-économique
catastrophique.
Toutefois, dans
cette quête de « sauvons notre peau par notre médecine traditionnelle »,
il y a eu aussi pas mal d’inquiétude. D’où le Jury a du proféré tantôt des
conseils:
A
côté des effets positifs répertoriés, pour que les recettes utilisées gagnent
en efficacité et en sécurité, il est nécessaire d’attirer l’attention sur
certains points importants:
-
Dans l’ensemble, les plantes utilisées ne sont pas connues pour leurs nocivités,
ce qui est quelque part rassurant. L’usage de certaines d’entre elles comme
l’armoise, l’absinthe et l’absinthe marron n’est cependant pas sans danger et
devrait être évité par voie orale.
-
Le fait d’associer plusieurs plantes au sein d’une même recette a ses
avantages, mais aussi ses inconvénients. L’inconvénient majeur décelé dans les
recettes concerne l’effet anticoagulant des plantes. Certaines recettes comportement
un trop grand nombre de plantes ayant cet effet et pourraient provoquer des
saignements chez l’utilisateur.
-
De ce point de vue et de façon plus générale, même lorsque les plantes
auxquelles on fait appel ne présentent individuellement pas de danger,
certaines recettes tout en aidant à gérer les symptômes de la Covid-19, pèchent
par la trop grande complexité de leur composition.
-
La plupart des recettes ne devraient pas être utilisées par les femmes
enceintes ou allaitantes et par les enfants en bas âge. Les hypertendus et les
diabétiques, nombreux dans le pays et qui constituent des groupes vulnérables
doivent être vigilants et éviter les recettes à composition complexe.
-
Une réglementation des utilisations traditionnelles est absolument nécessaire:
elle doit tenir compte des normes internationales en la matière tout en
conservant l’originalité des pratiques et garantir le droit de propriété.
Tantôt des recommandations :
Prendre très au sérieux la Covid-19 et respecter les
consignes du MSPP :
- Continuer à faire usage des plantes médicinales contre
la covid-19, en s’informant, en évitant les plantes pouvant présenter une
toxicité et en étant modérée dans les quantités et les mélanges d’espèces.
Absinthe et absinthe marron ne devraient pas être utilisées par voie orale;
pour la plante dénommé “armoise”, vu les doutes pesant sur son identification
(Plusieurs plantes portant ce nom) et les risques de toxicité, il serait
prudent de ne l’utiliser que par la voie externe, en bain par exemple. Pour
éviter un cumul de plantes à effet anticoagulant, on conseillerait de ne pas
faire de mélange de plus de 3 ou 4 plantes à la fois pour la voie orale.
- Profiter pleinement des produits locaux riches en
vitamines et minéraux et consommer davantage d’aliments, tels cerises, cacao,
mangues, avocats, légumes/feuilles, cresson, moringa. En renforçant le système
immunitaire, ces aliments protègent contre la covid-19 mais aussi d’autres
maladies infectieuses.
- Protéger l’environnement qui est le garant de la santé
et du maintien de cette
médecine naturelle qui a la capacité de soigner au quotidien tout chacun.
Au regard de cette crise, pouvons-nous encore parler de médecine populaire/ traditionnelle comme étant du domaine de nos campagnards « Peu cultivés [1]». Plusieurs recherches des facultés de l’UEH, ont bien avant cela cherché à révolutionner cette manière de penser Cependant, la COVID-19 a permis à tout un chacun de constater de l’évidence. Ce que nous possédons, nos feuilles à vertus médicinales, ne sont en aucun point rudimentaire. A chaque procédé ces limites, à chacun ses retombées positives et négatives. Au fait, la paradoxe de cet éclat des méthodes traditionnelles haïtiennes face a l'idéologie véhiculée au préalable indiquant que nous ne vaudrons rien sans le père Blanc, me rappelle une pensée de Césaire qui avait bien mentionné qu'aucun facteurs ne pourraient certifier que les civilisations détruites par l'occident ne se porterait mieux sans l'apport de la colonisation occidentale. Regardons bien ce qui s'est passée avec la Covid-19. Pas de ligne, de brouhaha en vertu de quelques soins. N’est-ce pas dans ce sens que nous devrions considérer notre médecine traditionnelle. Et qui pis est, nous ne soutenons pas ici une idéologie fermée, n’étant point ouverte aux autres savoirs. Nous recommandons de surcroit, l’affirmation et l’estime chez tout haïtien indépendamment de sa religion à convenir que oui je suis haïtien, oui au réveil je m’ingurgite de thé qui sont bon pour le « gaz », le gonflement et autres. Non mes feuilles ne sont pas forcément symbole de sorcellerie.
Faudrait-il attendre une autre crise
sanitaire mondiale pour démystifier la médecine traditionnelle haïtienne et s’en
servir partout même dans nos hôpitaux ? Pourquoi ne pas faire de cet évènement
le repère d’une émancipation de la médecine traditionnelle ?
Astiana K. AUGUSTE
Reference bibliographique: Université d'Etat d'Haïti UEH.
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